Comprendre la Gestalt - Épisode 1
- fcledonge
- 7 oct.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 oct.
Il n'est pas nécessaire de la connaitre pour s'engager dans une psychothérapie en Gestalt. Cependant, vous pourriez être curieux de ce qui fait la spécificité de la Gestalt, à la fois dans ses fondements et dans ses applications.

Baie des Trépassés - Finistère
L'une des racines de la Gestalt, est la philosophie existentielle. Entre autre, elle considère que tout être humain est confronté au fait d'être "jeté" dans le monde, et de devoir faire face aux angoisses que cela génère. A la suite, les psychothérapeutes existentialistes ont identifié cinq données existentielles, parfois appelées "contraintes existentielles", auxquelles chaque être humain est confronté, de manière plus ou moins aiguë, et qui représentent des considérations humaines étudiées depuis toujours.
Aujourd’hui je vais vous parler de la première : la responsabilité.
La responsabilité existentielle, connue par l'expression de Sartre "Je suis ce que je fais de ce que l'on a fait de moi", consiste à considérer que tout adulte est entièrement responsable de son existence. S'il ne peut certes pas revenir sur son passé, ni sur les évènements qui se produisent, à chaque moment il exerce sa responsabilité dans ce qu'il fait, et ce, qu'il le veuille ou non. Se reposer sur quelqu'un, suivre les autres, ne rien faire, sont autant d'exercices de la responsabilité que le fait d'être un entrepreneur ou un premier de cordée.
C'est avoir conscience de cela qui nous place en pleine situation de liberté : quoi que nous fassions, c'est le résultat d'un choix.
Parfois cependant, nous nous sentons dans l'incapacité de faire autrement que ce que nous faisons, et qui nous fait souffrir. "Je sais que je devrais faire ... , mais je n'y arrive pas".
Alors on se sent nul.le, lâche, et la confiance en soi s'érode. Nous sommes face à une angoisse qui peut être très invalidante.
Lors d'une psychothérapie en Gestalt, on va s'intéresser à ce qui se passe pour vous avant le choix (de ne rien faire, d'éviter la situation, de suivre les autres, etc.), c'est à dire au moment où la situation nécessite un choix de votre part.
Cette exploration, foncièrement singulière et non systématique, vous donnera une meilleure compréhension des ressorts de vos fonctionnements. Ainsi, vous pourrez choisir de continuer à agir de la même manière qu'auparavant, ou d'agir différemment.
Cette conscience et ce travail donnent accès alors au revers existentiel de la responsabilité : la liberté.
Elle s'exerce pleinement à chaque instant, au moment des choix que nous faisons sans cesse, quelle que soit leur issue. Avec la conscience que s'ils n’aboutissent pas à une situation satisfaisante pour nous, nous avons à chaque instant la possibilité de faire d'autres choix.

Lac du Grand Méan - Savoie
Quelles sont les situations où nous pensons ne pas pouvoir faire de choix satisfaisant ?
Sans volonté d'exhaustivité, je vais citer quelques exemples :
"Je ne veux pas faire de mal aux autres", ou encore "Si je fais ce que je veux vraiment, les autres vont souffrir". Dans ce cas, la personne choisit d'éviter de faire quelquechose, afin de ne pas faire de mal aux autres. Si cela lui convient, tout va bien. Si cela ne lui convient pas, elle se trouve dans une situation qui touche la responsabilité, la sienne, et celle des "autres". Si ne pas vouloir faire de mal aux autres est louable, éviter de faire un choix bon pour soi, mais qui fera mal aux autres, c'est considérer que l'on est entièrement responsable de leur bien-être. C'est-à-dire que l'on ne considère pas que, eux aussi, ont leur responsabilité, non pas dans ce qui arrive, mais dans ce qu'ils vont choisir de faire ensuite. C'est-à-dire que l'on n'attribue pas à l'autre sa propre responsabilité.
"Je n'en suis pas capable". La personne choisit de ne pas faire ce qu'elle a envie, par anticipation de son échec. Il vaut mieux continuer à souffrir un peu, de manière habituelle, en rêvant parfois de faire un autre choix. La personne semble considérer qu'un échec est une catastrophe irréversible, ce qui la mènera à des souffrances encore plus grandes, sans possibilité de s'en sortir. Elle n'envisage pas qu'elle pourra à nouveau exercer sa liberté de choisir si les choses ne vont pas comme elle le souhaite, et que d'autres paramètres, inconnus aujourd'hui, interviendront : rencontres, nouvelles envies, choisir de renoncer, par exemple.
"J'ai envie de ceci et de cela, qui sont incompatibles" ou encore "Je veux faire le bon choix". La personne doit faire une choix entre deux situations, et ne parvient pas à le faire. Elle est confrontée à la question de l’irréversibilité du choix. Comme dans le cas précédent, elle a conscience du choix actuel et de ses enjeux, mais pas de tous les choix à venir. Comme si un mauvais choix maintenant était l'assurance d'une insatisfaction pour la vie entière.
Face à toutes ces situations, les manière d'éviter l'angoisse sont très variées : continuer à essayer de chercher, jour et nuit, comment rendre compatible ce qui ne l'est pas; Se dire qu'il y a plus malheureux que soi; S'oublier dans une addiction (travail, alcool, drogue, etc.); Se plonger dans l'hyperactivité; Se dire que l'on est fidèle à ses valeurs, et s'en satisfaire; Ne pas prendre sa pleine responsabilité, tout en prenant celle des autres; Rendre d'autres responsables de notre situation; Envier les autres; etc.
Avec une psychothérapie en Gestalt, tout cela est exploré, éprouvé, "décortiqué" (je cite une de mes clientes). A votre propre rythme.
Et finalement, plutôt que la fataliste "Choisir, c'est renoncer", je préfère dire "Choisir, c'est vivre".
Si vous avez d'autres exemples ou des questions, n’hésitez pas à mes envoyer.
Dans le prochain épisode, une autre donnée existentielle : la quête de sens face à l'absurdité de l'existence.







Belle plume !